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Commémoration du 11 novembre 2018

        Dimanche 11 novembre à Jeumont, une vingtaine d'élèves de 3ème ont participé à la commémoration en lisant une lettre du commandant Charles de Menditte intitulée " Mourir le dernier jour de la guerre, c'est mourir deux fois! " :

 

        

         "La journée du 10 novembre avait été atroce. Dans la nuit du 9 au 10, le régiment avait reçu l’ordre de passer la Meuse coûte que coûte! Un barrage non démoli sur lequel on jeta des planches bout à bout, une nuit noire, un brouillard intense, la plainte continue de la Meuse couvrant le bruit des travailleurs et une audacieuse ardeur avaient permis ce tour de force. Le régiment subit des pertes cruelles […] L’obscurité amena un peu de répit mais le 11 à la pointe du jour, la lutte redevint ardente. L’air était ébranlé par les explosions des obus qui venaient s’écraser dans les rues du village de Dom-le-Mesnil et le long des rives de la Meuse. […] Soudain une invraisemblable nouvelle circula dans les rangs : 'L’armistice est signé!' […]

 

         À 8 h 30 arrivait une dépêche ainsi conçue : 'L’armistice est signé, il commence à 11 heures.' Jamais aucun être humain n’a mieux connu la joie de vivre que le soldat à cette minute inoubliable, jamais il n’a autant souhaité échapper à la mort pour parvenir à cette heure de calme tant désirée, tant attendue et toujours retardée. […] Sur la ligne de feu, les hommes se terrent, il ne s’agit plus que de vivre encore quelques quarts d’heure et puis c’est le salut! Seule la mitrailleuse salue ceux qui bougent et le temps s’écoule lentement. […]

 

        10 h 45, l’artillerie lourde allemande continue son œuvre de destruction et un obus démolit une maison à quelques mètres de l’église. 

 

        10 h 55, la mitrailleuse tire toujours.

 

        11 heures, un clairon sonne 'Cessez le feu! Levez-vous!' Le refrain se propage le long de la ligne mais personne ne lève le nez.

        Le silence plane sur le champ de bataille. Soudain l’admirable sonnerie 'Au Drapeau!' traverse les airs. La dernière note s’est à peine perdue dans la vallée que, de la prairie rase où le régiment a disparu dans les trous pour mieux tenir, monte le chant de la Marseillaise. Indécis au début, il s’enfle peu à peu et le refrain est hurlé à pleine gorge par les 1.200 braves dont la mort n’a pas voulu et qui chantent à cette heure beaucoup plus leur joie de vivre que la fierté de leur triomphe. […] À la première minute, la bête humaine avait triomphé et le sentiment qui dominait cette foule était la joie intense d’avoir échappé à l’enfer du combat, de vivre! Oui, de vivre, car à cet instant, ce mot résumait tout! Mais quand, après avoir contemplé le ciel, nos yeux se reportèrent sur le terrain que nous avions conquis et gardé, nous vîmes combien nous l’avions payé cher. Les morts crispés dans leurs dernières convulsions jonchaient le sol.

       Mourir le dernier jou de la guerre, c’est mourir deux fois!"